« Les gens ont tendances à croire qu’un film qui a
coûté autant d’argent et dont on a tant parlé ne peut être qu’une
gigantesque plaisanterie. Mais ce n’est pas le cas. Cléopâtre est une
tentative sérieuse de faire la lumière sur l’une des plus grandes
histoires de tous les temps. » - Rex Harrison (César)
Cléopâtre c'est d'abord Elizabeth Taylor,
le sexe symbole des années 50/60, qui trouve là un rôle qui exacerbe
son pouvoir de séduction et son statut de reine de Hollywood. Elle exige
1 million de dollars pour ce film, la Fox accepte (à son grand
étonnement...), ce qui fait d'elle la première actrice à jamais atteindre
ce cachet. C'est
le début du star power, elle impose ses caprices sur le plateau et aux
réalisateurs (Mamoulian puis Mankiewicz).
Bref, Cléopâtre est Liz Taylor.
Bref, Cléopâtre est Liz Taylor.
Cléopâtre c'est ensuite des décors somptueux,
formidablement travaillés et gigantesques dans lesquels se produit un
casting d'acteurs fantastiques.
Cléopâtre c'est aussi un tournage très
laborieux d'un an et demi, 44 millions de dollar de budget et des
dizaines de milliers de figurants. Ce budget qui fût tant de fois
dépassé et qui poussa la Fox au bord la ruine.
Et enfin Cléopâtre est le film scandale où se
rencontra le couple volcanique Taylor/Burton, qui augmenta la publicité
et l'intérêt autour du film mais qui provoqua également, comme on va le
voir, sa perte.
Pour toutes ces raisons, ce film est déjà culte.
Mankiewicz filmait le jour et écrivait le
scénario du lendemain la nuit. Il était épuisé mais avait l'ambition de
faire 6h de film, qu'il comptait séparer en 2 opus, César et Cléopâtre
et Antoine et Cléopâtre... Malheureusement à la Fox, le trou dans le
budget que le film avait provoqué pesait davantage dans la balance que
la satisfaction d'un réalisateur. Voulant surfer sur la vague
d'engouement autour du couple star, ils ne souhaitaient pas sortir les
deux épisodes séparément, au cas où l'idylle se terminerait. Qui irait
alors voir la deuxième partie du film si les deux héros n'étaient
plus...??
On aura donc au final que 4h de film et non
6, ce qui brisa le coeur, sans dramatisation; de Mankiewicz, qui a vu
son film devenir autre chose que ce qu'il aurait souhaité. D'ailleurs,
les nombreuses mauvaises critiques à la sortie n'ont fait qu'enfoncer le
clou.
Joe Mankiewicz a vécu le reste de sa vie en reniant son film, espérant
qu'un jour quelqu'un le montrerait tel qu'il l'avait conçu.
Avec le recul on peut penser que le réalisateur s'est montré dur avec son travail, qui est tout de même d'une grandeur épique: histoire d'amour, reconstitution historique, ambition politique, le disciple qui veut égaler le maître...
Le film propose ainsi des moments épiques, faits de glorieux conquérants, de reines et d'empereurs, et puis s'entremêlent les moments intimes pleins de poésie, quand ils redeviennent tous des hommes et des femmes, dont les raisons du cœur pèsent plus lourd que la sagesse de l'esprit.
La première partie, avec César donc, met plus en avant le côté historique, épique avec une réelle ambition politique de la part de Cléopâtre. Tandis que la seconde moitié fait place à la femme amoureuse et blessée, avec des scènes beaucoup plus dramatiques.
Qui peut oublier la célèbre scène d'introduction de Cléopâtre à César? Qui peut oublier son arrivée dans Rome, vêtue d'or, sur son char tiré par 100 esclaves? Qui peut oublier la façon dont elle pleure le mariage de Marc Antoine, criant et s'acharnant au couteau sur son lit, pour juste après l'humilier en public en lui demandant de s'agenouiller?
Tout le tapage médiatique, les parodies, les scandales ont peut-être
éveillé la curiosité du public, qui vînt tout de même en masse dans les
cinémas, mais ils ont aussi créé une atmosphère néfaste autour du film,
lui retirant une part de son objectivité de critique.
50 ans plus tard, il est plus facile d'apprécier à sa juste valeur ce très beau film.
50 ans plus tard, il est plus facile d'apprécier à sa juste valeur ce très beau film.
On peut avoir quelques regrets quant à savoir
ce qu'aurait été le film de 6h, or qui sait, peut-être qu'un jour on
finira par retrouver toutes les bobines manquantes...
Note 9/10
Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz (1963)
Avec Elizabeth Taylor, Rex Harrison, Richard Burton, Martin Landau, Roddy McDowal
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