jeudi 14 novembre 2013

Peter Ibbetson : Les enfants ont grandi

J'avais lu que ce Peter Ibbetson était le chef d’œuvre de Henry Hathaway, adoré des impressionnistes pour ces séquences oniriques et fantastiques. Comme cela arrive parfois, le résultat n'est pas à la hauteur de l'attente.


Le film s’ouvre sur deux enfants charmants qui se chamaillent, et ils sont tellement choupi que je me suis dit que ce film démarrait superbement. D’ailleurs la petite fille me disait quelque chose, ce regard inquisiteur, ces sourcils froncés, mais oui, mais oui, c’est bien la gamine que l’on retrouvera 5 ans plus tard dans « Indiscrétions »! Virginia Weidler !

Ce début de film m’a fait passer par toute une gamme d’émotions, de l’attendrissement au cœur brisé en quelques minutes, et il tient une grande place dans le 7 de ma note finale.

Regardez moi ces petites bouilles!
Car ensuite, lorsque que les enfants ont grandi, bizarrement je me suis sentie moins concernée, moins bouleversée. Bien sûr j’ai été émue quand Peter retrouve sa belle, mais je me sentais tout de même assez en dehors.
J’admets volontiers que les scènes de rêves, où se rencontrent Peter et Marie, sont très belles mais elles m’ont laissé assez froide finalement, rien de très spécial ne s’y passait, je me sentais juste spectatrice. Je ne sais pas, peut-être est-ce dû aux acteurs ou aux dialogues, peut-être l’ai-je vu au mauvais moment, mais les deux enfants m’ont davantage émue que leur homologues adultes.


C’était beau, mais pas transcendant. Un petit 7 de déception.

Note: 7/10
Peter Ibbetson de Henry Hathaway (1935)
Avec Gary Cooper, Ann Harding, Virginia Weidler, John Halliday, Dickie Moore

vendredi 15 février 2013

Cléopâtre : Le film pharaonique ou la déception de Mankiewicz

« Les gens ont tendances à croire qu’un film qui a coûté autant d’argent et dont on a tant parlé ne peut être qu’une gigantesque plaisanterie. Mais ce n’est pas le cas. Cléopâtre est une tentative sérieuse de faire la lumière sur l’une des plus grandes histoires de tous les temps. » - Rex Harrison (César)


Cléopâtre c'est d'abord Elizabeth Taylor, le sexe symbole des années 50/60, qui trouve là un rôle qui exacerbe son pouvoir de séduction et son statut de reine de Hollywood. Elle exige 1 million de dollars pour ce film, la Fox accepte (à son grand étonnement...), ce qui fait d'elle la première actrice à jamais atteindre ce cachet. C'est le début du star power, elle impose ses caprices sur le plateau et aux réalisateurs (Mamoulian puis Mankiewicz).
Bref, Cléopâtre est Liz Taylor.


Cléopâtre c'est ensuite des décors somptueux, formidablement travaillés et gigantesques dans lesquels se produit un casting d'acteurs fantastiques.
Cléopâtre c'est aussi un tournage très laborieux d'un an et demi, 44 millions de dollar de budget et des dizaines de milliers de figurants. Ce budget qui fût tant de fois dépassé et qui poussa la Fox au bord la ruine.
Et enfin Cléopâtre est le film scandale où se rencontra le couple volcanique Taylor/Burton, qui augmenta la publicité et l'intérêt autour du film mais qui provoqua également, comme on va le voir, sa perte.
Pour toutes ces raisons, ce film est déjà culte.


Mankiewicz filmait le jour et écrivait le scénario du lendemain la nuit. Il était épuisé mais avait l'ambition de faire 6h de film, qu'il comptait séparer en 2 opus, César et Cléopâtre et Antoine et Cléopâtre... Malheureusement à la Fox, le trou dans le budget que le film avait provoqué pesait davantage dans la balance que la satisfaction d'un réalisateur. Voulant surfer sur la vague d'engouement autour du couple star, ils ne souhaitaient pas sortir les deux épisodes séparément, au cas où l'idylle se terminerait. Qui irait alors voir la deuxième partie du film si les deux héros n'étaient plus...??


On aura donc au final que 4h de film et non 6, ce qui brisa le coeur, sans dramatisation; de Mankiewicz, qui a vu son film devenir autre chose que ce qu'il aurait souhaité. D'ailleurs, les nombreuses mauvaises critiques à la sortie n'ont fait qu'enfoncer le clou.
Joe Mankiewicz a vécu le reste de sa vie en reniant son film, espérant qu'un jour quelqu'un le montrerait tel qu'il l'avait conçu.

Avec le recul on peut penser que le réalisateur s'est montré dur avec son travail, qui est tout de même d'une grandeur épique: histoire d'amour, reconstitution historique, ambition politique, le disciple qui veut égaler le maître... 


Le film propose ainsi des moments épiques, faits de glorieux conquérants, de reines et d'empereurs, et puis s'entremêlent les moments intimes pleins de poésie, quand ils redeviennent tous des hommes et des femmes, dont les raisons du cœur pèsent plus lourd que la sagesse de l'esprit.
La première partie, avec César donc, met plus en avant le côté historique, épique avec une réelle ambition politique de la part de Cléopâtre. Tandis que la seconde moitié fait place à la femme amoureuse et blessée, avec des scènes beaucoup plus dramatiques.
 
Qui peut oublier la célèbre scène d'introduction de Cléopâtre à César? Qui peut oublier son arrivée dans Rome, vêtue d'or, sur son char tiré par 100 esclaves? Qui peut oublier la façon dont elle pleure le mariage de Marc Antoine, criant et s'acharnant au couteau sur son lit, pour juste après l'humilier en public en lui demandant de s'agenouiller?


Tout le tapage médiatique, les parodies, les scandales ont peut-être éveillé la curiosité du public, qui vînt tout de même en masse dans les cinémas, mais ils ont aussi créé une atmosphère néfaste autour du film, lui retirant une part de son objectivité de critique.
50 ans plus tard, il est plus facile d'apprécier à sa juste valeur ce très beau film.
On peut avoir quelques regrets quant à savoir ce qu'aurait été le film de 6h, or qui sait, peut-être qu'un jour on finira par retrouver toutes les bobines manquantes...

Note 9/10
Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz (1963)
Avec Elizabeth Taylor, Rex Harrison, Richard Burton, Martin Landau, Roddy McDowal

La folle ingénue : Cluny Cluny Bang Bang !



Cluny Brown est le genre de jeune femme qui aime réparer des tuyauteries bouchées en faisait « Bang » dessus avec une grosse clé à molette, et juste après, s’extasier de cet exploit en miaulant de plaisir. Ajoutez au tableau Belinski, un écrivain tchèque, fuyant Hitler, un brin philosophe, adepte des plaisirs simples de la vie et à l’humour irrésistible. Après s’être rencontré lors du débouchage miraculeux de l’évier cité plus haut, nos deux amis se recroisent en pleine campagne anglaise, elle en tant que bonne, lui en tant qu’invité de la maison où elle sert.


Le résultat est une comédie aux dialogues superbes et à l’humour satyrique et subtil, où Charles Boyer et Jennifer Jones déploient tout leur charme et leur talent. Les décors de la campagne anglaise sont tout à fait charmants, entre les beaux intérieurs du manoir, les petites maisons fleuries qui bordent les routes et le magasin de l’apothicaire, on se croirait dans un conte. D’ailleurs Cluny et Belinski se disent être comme sur une île déserte, attendant d’être sauvés, ce qui amène un côté fantaisiste.

Il ne faut pas oublier les seconds rôles, tous très travaillés et servant le but précis de se moquer de la société anglaise. Personnellement, j’ai un petit faible pour les deux domestiques en chef, patrons de la naïve Cluny, qui prennent leur travail et leur condition de larbins avec tellement de sérieux que s’en est à la fois tordant et ridicule.


Bien sûr derrière la carrière frustrée de plombier de Cluny il faut lire une critique d’une société trop hiérarchisée et dictatrice de conduite, bien que, et c’est là tout le génie de Lubitsch, le double sens à connotation sexuelle soit évident. La réaction plus qu’horrifiée de l’entourage de Cluny lorsque celle-ci ose « s’abandonner » à la plomberie, comme si elle « abandonnait » sa vertu, est la dénonciation par le réalisateur d’une société trop puritaine qui aurait besoin d’un bon « bang ».

Ce n'est pas la comédie la plus connue de Lubitsch, mais c'est assurément l'une de mes préférées! (sûrement juste après Jeux dangereux et La 8ième femme de barbe bleue...)

Note: 9/10
La folle ingénue d'Ernst Lubitsch (1947)
Avec Charles Boyer, Jennifer Jones, Peter Lawford, Helen Walker

jeudi 14 février 2013

Seuls les anges ont des ailes : Jean veut encore!

Bonnie Lee fait escale dans un petit port bananier d’Amérique du Sud, Barranca, où elle rencontre les hommes d’une petite compagnie aéropostale, chargés de délivrer le courrier au delà des Andes. Le boss c'est Goeff Carter, un homme fataliste apparemment sans coeur, dont Bonnie ne pourra que s'amouracher bien évidemment, même si Goeff, lui "never ask anything from any woman"...


Tout comme Bonnie, on débarque dans la vie de ces pilotes et on découvre leur quotidien, leur façon de faire face à la mort. Pas de chichis si on ne veut pas craquer, il faut oublier ceux qui ont péri et penser à la prochaine éclaircie qui annoncera un nouveau décollage. Le film mêle avec brio les moments de bravoure et de virtuosité, à ceux beaucoup plus intimes où les peurs et les peines les plus enfouies refont surface. C’est un film plein d’humanité, dont le ton sonne toujours juste.


J’aime beaucoup le confinement dans ce restau/bar/hôtel qui sert de décor principal à l’histoire. Un huis-clos comme je les aime, un peu étouffant, très peuplé parfois, où tout repose sur le génie des dialogues et des acteurs.
Des acteurs formidables donc, emmenés par Cary « Like a boss » Grant évidemment, mais les autres sont loin d’être en reste, que ce soit Thomas Mitchell, le meilleur pote, Kid, 22 ans de carrière mais toujours aussi téméraire et attendrissant, ou bien Sig Ruman dit Dutchy, le propio au grand cœur qui n’aime pas les avions…


Mais pour moi le génie de ce film repose aussi sur le casting de Jean Arthur, actrice très intéressante et assez unique. Elle n’a peut-être pas le sex-appeal ni la beauté d’une Rita Hayworth (que je trouve au demeurant plutôt ordinaire dans ce film), mais elle possède cette sorte d’aura, de charisme qu’elle promène partout dans ce boui-boui avec sa voix si particulière. D’une certaine façon, elle fait un peu tâche dans cet univers de pilotes sans lendemain. Parfois maladroite, elle s’accroche à Geoff (Grant) d’une manière un peu désespérée mais toujours fière, le remettant à sa place bien des fois d’ailleurs ce qui fait plaisir. Elle a un jeu des plus formidables : regardez la balbutier, au moment du petit déjeuner, à la fois gênée et offusquée, regardez la rembarrer Rita lorsque cette dernière fait irruption dans la chambre de Geoff…



Elle est juste géniale, à l’image de ce film.

Note : 10/10
Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks (1939)
Avec Cary Grant, Jean Arthur, Thomas Mitchel, Sig Ruman, Rita Hayworth

La fille de Ryan : "On ne naît pas femme, on le devient."

Sorte d'adaptation de Mme Bovary, l'histoire se passe pendant la première guerre mondiale en Irlande, où Rose Ryan, une jeune fille d'un petit village, est éprise de Charles, l'instituteur, beaucoup plus âgé qu'elle. Sa tête est pleine d'espérances et d'idées romantiques que son mariage avec Charles ne comblera pas. Un jour arrive un beau major anglais...  
Mes impressions sur ce film sont assez étranges, je crois que j’ai décidé de vraiment l’aimer au bout de 1h30 de visionnage (sur 3h10). C’est comme si plus le film avançait, meilleur je le trouvais.
Bien sûr je ne veux pas dire que la première partie n’a pas ses qualités, loin de là, mais il y avait pas mal de longueurs qui m’ont assez refroidie. Le film commence très bien, avec ses magnifiques paysages irlandais, notamment un superbe plan des Cliff of Moher, et d’ailleurs ce paysage et la mise en scène aident a compenser les moments plutôt plats.


J’aime comment Lean s’est servi de son environnement pour illustrer son histoire, notamment lorsque Rosy et le Major se retrouvent dans la forêt : je crois que je garderai en mémoire ce plan sur les deux fils d’araignée pendant longtemps. C'est une scène chargée d'érotisme qui fît accuser Lean de faire de la pornographie, bien qu'on en soit loin. Et puis il y a cette fameuse scène de tempête, où tout le village se rend sur la plage pour récupérer des armes illégales perdues dans les vagues! C’est comme si les grands espaces appelaient Rose et l’incitaient à quitter ce village paumé.


Je pense que le film prend un premier envol lors de la rencontre entre le major et Rose, car non seulement elle met fin à un début assez longuet, mais aussi car elle est extrêmement percutante, on est surpris par la foudroyance de la passion. 
J’ai beaucoup aimé la seconde moitié du film car l’apprentissage de Rose se fait plus concrètement, elle mûrit et mesure l’étendue des conséquences de ses actes. Si la première partie du film est plus empreinte de rêveries, celles de Roses mais aussi celles de Charles (superbe scène onirique sur la plage, cf photo ci-dessous), la seconde est faite de répercussions réelles, avec notamment le lynchage de Rose, orchestré par tout ce village de tarés.


Le film brode en fil rouge cette réflexion sur la différence, avec sur un premier plan évident, Michael, rejeté par le village pour ses handicaps mentaux et moteurs, et dans un second temps, Rose, qui en fait a toujours été différente mais ne fut rejetée que lorsque elle a « consommée » cette différence avec le major. D’ailleurs Rosy comprend enfin la situation que Michael a toujours connue à la fin du film, dans une scène de rédemption qui pourrait être celle de la morale finale dans un conte.

Ce qui est plutôt tragique c’est de voir les habitants du village penser qu’ils sont la normalité, alors qu’ils ont tous l’air de dégénérés échappés de l’asile. Le père Hugh accuse l’oisiveté de les abrutir, moi je parierais sur des raisons plus profondes, hahaha…


Le film peut compter sur de belles interprétations, si Sarah Miles est parfaite, j’ai été plus que ravie de voir Mitchum dans ce rôle en contre-emploi. Qui aurait cru un jour que je trouverai Robert Mitchum ennuyeux et ordinaire! J’ai un peu plus de réserves sur le major (Jones), même si son passé douloureux lui donne un côté mystérieux et fragile intéressant, je n’ai pas pu m’empêcher de le trouver un peu mou.

Certains qualifient ce film de grande passion, mais pour moi, l'enjeu principal ne se situe pas dans cet amour adultérin, mais bien dans le personnage de Rose, que cette liaison, associée aux autres événements du film, va faire grandir. Je dirais que j’ai davantage apprécié ce film avec un peu de recul, on réalise qu’il est constitué d’une foule de belles choses et de messages, transmis par la magnifique mise en scène de Lean, sans doute son film le plus personnel.

Note: 8/10
La fille de Ryan de David Lean (1970)
Avec Sarah Miles, Robert Mitchum, Trevor Howard, Christopher Jones, John Mills, Leo McKern

Gunga Din : Les tribulations de 3 soldats en Inde

Grant, McLaglen et Fairbanks forment un trio de choc dans l’armée Britannique postée en Inde. Les combats héroïques et pleins de panache constituent leur quotidien, on en a d’ailleurs un bel échantillon au début du film : cascades, lancers de dynamite, combats à mains nus, rien n’arrête les trois compères, et ces scènes sont pleines de drôleries. Il vont ensuite avoir affaire à la secte des Thugs, adorateurs de la déesse destructrice Kali, scénario qui inspira le deuxième volet d'Indiana Jones.


Mais pour moi, ce qui fait surtout le charme du film, c’est toute sa partie entre les deux moments de bataille, quand le trio se retrouve au camp. On passe alors à des scènes de camaraderie très sympathiques, où McLaglen et Grant s’en donnent à cœur joie. Ils essayent entre autres de convaincre Fairbanks de rester dans l’armée et pour cela ils usent de stratagèmes assez comiques. Mention spéciale également à la scène où Grant surprend Gunga Din (le porteur d'eau) en train d'imiter les soldats: une pépite de rires.

Je ne sais pas vous, mais moi je ne peux résister à ce bourru de McLaglen, rien que sa tête me fait marrer. Je ne le connaissais que de « L’homme tranquille » (film très cher à mon cœur), où déjà il était absolument génial, et "Gunga Din" marque donc son entrée définitive parmi mes chouchous (grand honneur j’en conviens !).

La bataille finale dans le temple, est plus sérieuse que la première, un brin coloniaiste et aussi un poil trop longue, mais on peut voir Grant cabotiner joyeusement alors on pardonne. Un film de camaraderie et d'aventure sympathique qui gagnerait à être connu!

Note: 7/10
Gunga Din de George Stevens (1939)
Avec Cary Grant, Victor McLaglen et Douglas Fairbanks Jr

mercredi 13 février 2013

La maison du docteur Edwardes : Quoi de neuf docteur Freud?

Il faut avouer qu’Hitchcock a toujours été mon chouchou. C’est avec Les Oiseaux que j’ai commencé ma carrière (encore bien jeune certes) de cinéphile, et j’ai dû voir un bon nombre de ses films avant d’enfin me tourner vers Ford, Hawks et autres Mankiewicz.


Et donc en revoyant La maison du Docteur Edwardes pour la troisième fois hier soir, je me suis rendu compte que, à l’instar de Les enchaînés, même si je l’aimais beaucoup avant, je le chéris encore plus maintenant. Comme si mon œil plus expérimenté appréciait davantage la merveille qu’on lui présente.

Hitchcock s’attaque ici au thème de la psychanalyse, innovant et audacieux pour l’époque, mais tout en gardant cet esprit de film noir, où l’intrigue presque policière nous tient en haleine. Ce qui est d’autant plus géniale de la part du maître, c’est d’avoir choisi d’utiliser une femme pour incarner le médecin : Ingrid Bergman en psychanalyste sérieuse, avec lunettes et blouse, et traitée d’iceberg par son collègue à l’allure un peu trop perverse à mon goût pour cacher d’honnêtes intentions. On est donc loin du personnage de femme hystérique généralement associée à l’idée freudienne…


Son patient est un Grégory Peck certes terriblement séduisant, mais aussi très passif, tel un pauvre petit chiot qui a besoin qu’on prenne soin de lui. Heureusement qu’Ingrid, avec sa classe démesurée et sa luminosité, est là pour le sauver.

Plus tard, lorsque l’iceberg fond et que les médecins mâles commencent à ôter toute crédibilité aux théories de la psychanalyste amoureuse, on a envie de dire, en tant que femme, qu'ils peuvent aller se pendre. Et je remercie Hitchcock d’avoir montré que non, une femme amoureuse même si elle a une attitude un peu niaise, ne devient pas complètement débile, et que non, les femmes ne sont pas de sombres sottes dès qu’on leur enlève leurs lunettes et leur blouse blanche. Pour preuve, le détective de l’hôtel est tellement imbu de son soi-disant talent qu’il se laisse berner par notre charmant docteur. Voilà, c’était mon petit quart d’heure féministe, ça fait pas de mal.


Un autre point génial de ce film est la séquence de rêve imagée par Dali. Tout le processus de dénouement de l’énigme découlant de celui-ci est tout simplement fascinant.
Je ne doute pas que les méthodes de psychanalyse sont un poil plus compliquées et longues en réalité, mais Hitchcock a su utiliser au mieux le sujet pour nous servir un film policier original et très charmant.

Note: 8/10
La maison du docteur Edwardes d'Alfred Hitchcock (1945)
Avec Ingrid Bergman et Gregory Peck

mardi 12 février 2013

Clair de lune : "Va! Je ne te hais point!"

Clair de Lune est une série culte des années 80 qui a lancé la carrière de Bruce Willis, et pourtant il a ici un rôle diamétralement opposé à ceux de dur à cuire auxquels il nous a habitué.


David Addison et Maddie Hayes sont des détectives qui ont un peu de mal à trouver des clients mais après tout, le business ici on s'en fiche. Non l'important dans cette série, c'est les engueulades. Les disputes. Les portes qui claquent. Les "Addisoooonnnn !!!!!!". Les:
"-Not another word, not another sound, not another *bip* before we arrive!!!!!
-*bip* "


Voilà Clair de Lune c'est ça. C'est un couple d'associés qui passe son temps à s'opposer sur les sujets les plus divers, le plus souvent même pas en rapport avec leur enquête, mais toujours très pertinents. Ils parlent en même temps, ne s'écoutent pas, crient mais partagent une fantastique alchimie.

L'un est un zouave, blagueur, dilettante, qui chantonne et fait du limbo avec les employés de l'agence. L'autre est une ancienne riche mannequin, fauchée, très belle mais un peu froide, et surtout effroyablement sérieuse. C'est le feu contre la glace, la joie de vivre contre la rabat-joie. Et tout ça c'est bien jouissif.
Clair de lune c'est aussi une série complètement décalée. Les personnages vont parfois s'adresser directement aux téléspectateurs derrière leur écran, et même répondre aux messages de fans en début d'épisode!
 

Ensuite on a droit à des épisodes spéciaux, l'un de mes préférés étant un hommage aux films noirs des années 40, se passant dans un club de jazz, en noir et blanc... On a aussi un épisode spécial Shakespeare, un autre spécial Casablanca... Mais bon je ne vais pas vous gâcher la surprise!
Les trois premières saisons sont vraiment tordantes et originales, en bref j'ai adoré. Ecrire cette critique me donne d'ailleurs envie de m'y replonger tout de suite. Mais voilà, les deux dernières sont une catastrophe scénaristique et c'est bien pour cela que la série s'est arrêtée... Dommage!
Mais sérieusement, les premières saisons sont un délice, et si vous aimez les engueulades alors vous vous régalerez. Maddie et Dave nous laissent avec des souvenirs de crêpage de chignons absolument épiques!!


P.S: En plus on peut voir Bruce Willis avec des cheveux!

Note : 8/10
Clair de lune crée par Glenn Gordon Caron (1985-1989)
Avec : Bruce Willis, Cybill Shepherd, Alice Beasley

Je suis un évadé : Prison Break

Mervyn Leroy était déjà le réalisateur de La valse dans l'ombre que j'ai critiqué sur ce blog, celui-ci est un film totalement différent, mais tout aussi brillant. Deux chef d’œuvres très injustement méconnus.


James Allen est de retour de la grande guerre, et c’est un homme changé qui revient chez lui. Il ne veut plus travailler dans sa petite usine, mais construire des ponts et des routes, faire quelque chose de ses mains, être libéré de la routine. Seulement il peine à trouver un travail et dans sa misère, se fait piéger par un malfrat de bas-étage, le conduisant ainsi à la case pénitencier pour 10 ans…

Ca fait mal au cœur de le dire mais ce film toucherait encore des cordes sensibles aujourd’hui tant le sujet qu’il traite et les déviances qu’il dénonce sont encore d’actualité. Ainsi il remet en cause intelligemment la raison d’être des prisons. Bien sûr, il ne nie pas la nécessité de leur existence, mais il questionne la capacité du système carcéral à faire ce qu’il est censé faire : ramener les détenus dans le droit chemin et favoriser leur réinsertion dans la société. A en croire les taux de récidives, il est clair qu’on fait toujours plus ou moins les autruches devant ce problème…

 

Film édifiant donc, sur la prison, la dureté des bagnes de l’époque, la justice, et aussi sur l’Etat. L’Etat qui promet mais qui ne respecte pas sa parole et qui devient alors plus cruel que l’individu qu’il condamne. Comment une administration peut-elle espérer qu’on la respecte si elle ne respecte pas ceux qui l’ont placée là? La société n’est-elle pas censée être meilleure que l’individu?
Le film m’a remplie d’un sentiment d’injustice comme j’en ai rarement ressenti après un film, à tel point que ça m’a donné envie d’aller crier mon indignation à la première personne que je croiserais chez moi. Mais bon, on n’est pas dans un mauvais téléfilm alors je n’en ai rien fait.

Je ne peux que vous conseiller de vous procurer ce petit film injustement méconnu, qui a tout des grands.

Note: 9/10
Je suis un évadé de Mervyn Leroy (1932)
Avec Paul Muni

lundi 11 février 2013

Ariane : Audrey raconte des mythos!

A force de voir tout ces films qui parlent d’amour à Paris, je commence à comprendre d’où vient cette lueur dans les yeux des étrangers dès que tu leur dis que tu es française et que tu habites près de la capitale… J’ai eu le droit à des « How romantic ! » ou « French girls are so bold ! »… ouais ouais… Enfin bref, merci Hollywood de prendre soin de notre réputation!


Donc voilà comme je le disais on a droit à un joli conte entre un milliardaire coureur de jupons qui enchaîne les aventures sans lendemain, faisant le bonheur de la presse à scandales, et une petite étudiante au conservatoire, encore ingénue et fleur bleue, qui voit l’amour même dans les affaires d’adultères les plus sordides… Ils se rencontrent l’après midi au Ritz, elle l’aime et pour le rendre jaloux elle lui fait croire que comme lui elle a roulé sa bosse. Un guide alpin, un toréador, un banquier belge, aahhh l’amour libre! Elle est mignonne la petite Ariane avec ses fausses liaisons, on se demande quand le château de cartes va s’écrouler.

L’amour libertin est un thème osé pour 1957, donc bien évidemment la réalisation de Wilder est dans la suggestion, tout se passe derrière les portes fermées et « il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives » comme le dit le père d’Ariane, joué par un Maurice Chevalier à l’accent français délicieux. Il y a cette dualité entre l'amour scandaleux, que le père d'Ariane veut cacher à sa fille, et l'amour vertueux qu'elle espère vivre.


Il y a quelques belles trouvailles dans ce film, notamment l’orchestre de tziganes, toujours prêts à dégainer leurs instruments pour jouer « Fascination », ils sont un élément cocasse du décor de cette idylle. Et puis il y a la dernière scène, à la gare, la meilleure à mon avis, très émouvante.

Mais deux choses m’ont profondément choquée tout de même. Premièrement, si moi j’étais dans la rue, et qu’un camion de nettoyage venait à me couvrir de flotte, je cesserais toute activité pour pousser une gueulante. La deuxième chose c’est qu’il faudrait empêcher cette bourgeoise de frapper son chien comme ça, elle a rien fait la pauvre bête…

Note: 7/10
Ariane de Billy Wilder (1957)
Avec: Audrey Hepburn, Gary Cooper, Maurice Chevalier

dimanche 10 février 2013

Downton Abbey : "Don't be defeatist dear, it's very middle class."

J’attendais avec impatience de commencer cette série car je suis une grande fan des « period drama » comme disent nos amis anglais. Toutes ces robes, ces gants, ces queues de pie, ces tasses de thé, ces manoirs gigantesques, ces maîtres et serviteurs, ce flegme et cet accent anglais, moi ça me fait tourner la tête. C’est vrai quoi, qui n’a pas un jour rêvé de se faire appeler Lady, surtout dans un monde où le respect d’autrui se fait désormais rare…


La première saison s’ouvre sur le manoir de Lord Grantham, Downton Abbey, où les serviteurs s’agitent pour allumer les feux dans les cheminés et ouvrir les fenêtres avant que les habitants ne se réveillent et ne les « sonnent » (sérieux c’est pas génial ce système de cloche?). Donc voilà, le petit déjeuner s’installe, on découvre les filles du Lord, Mary, Edith et Sybil, et puis soudain un télégramme arrive : les héritiers et cousins du Lord sont morts dans le naufrage du Titanic. Toute cette saison va donc être centrée autour de l’arrivée du nouvel héritier, Matthew Crawley, un avocat de la classe moyenne, et de la question de l’héritage. En tant que fille, Mary n’hérite rien de son père, pas même sa fortune, qui se trouve pourtant provenir de la dote de sa mère, une américaine qui a eu le droit, elle, à un héritage.

Lady Sybil, Lady Mary et Lady Edith
La grande force de cette saison, en plus d’avoir une direction artistique sublime (décors, costumes, musique et acting), c’est son script. Tout est au poil, contrôlé, juste. Les dialogues sont magistraux, et si la série s’était arrêtée à la fin de ces 7 épisodes, je n’aurais rien regretté. Cette saison 1 est tout simplement un chef d'œuvre. 

Enfin si, j’aurais surement regretté la reparti de la comtesse douairière, jouée par une Maggie Smith au meilleur de sa forme. Elle apporte une touche d’humour, et à chaque fois je me demande si elle le fait exprès ou bien si ses remarques sont involontairement géniales. En tant que comtesse douairière, elle est assez vieux jeu, elle ne sait pas ce qu’est un week end et méprise l’électricité, mais elle semble se promener au milieu de ses descendants avec une telle omnipotence, c’est remarquable. Elle s’investit dans tous les problèmes et est finalement beaucoup plus tolérante et romantique que ses airs peuvent laisser le penser. Maggie Smith all the way donc.


L’autre personnage que j’aurais sans doute regretté, c’est Lady Mary, la fille aînée et mon personnage préféré. Je pense que c’est elle qui montre le plus de facettes et de profondeur au cours de toutes les saisons. C’est une belle jeune femme, au teint pâle et à l’attitude hautaine, qui se montre souvent quelque peu cruelle, surtout avec sa sœur cadette Edith, beaucoup moins gâtée par la nature. Mais au-delà de ça, on devine rapidement que ce n’est qu’une façade que se donne Mary pour répondre aux attentes qu’exigent son rang et son éducation. C'est une pragmatique, mais sous ses allures froides se cache quelqu'un qui cherche le romantisme (qui pourra oublier l'incident avec Mr. Pamuk!). Elle repousse ses soupirants pour montrer que c'est elle qui décide mais on voit que c'est aussi parce qu'elle ne peut se résoudre à faire un mariage conventionnel ennuyeux. Elle est la digne héritière de sa grand-mère, et comme elle, elle a une réparti qui fait mouche et ses répliques sont du petit lait pour le spectateur. 


Mary et Matthew
Certains reprochent à Mary sa méchanceté, mais elle fait aussi preuve de compassion et de gentillesse envers ceux qu'elle estime. Et pour une fois qu'une série ose mettre en avant une femme dépourvue de niaiserie et de bonnes intentions, moi je ne vais pas me plaindre!
Elle a des liens d'amitié intéressants avec Carson le majordome, Anna sa femme de chambre et même Sybil, qu'elle va aider à plusieurs reprises. Son attitude envers Matthew et même tout au long de la saison 2, ne fait que montrer la vraie Mary. Je pense que les critiques viennent aussi du fait que Mary est et restera le personnage principal de cette série. Je pense que Julian Fellowes, le créateur, adore son héroïne et lui a donné le développement le plus abouti. Une veine pour les fans de la Lady (comme moi), une source de frustration pour d'autres... Pour ne rien gâcher, Michelle Dockery a une voix de velours et une stature d’aristocrate parfaite, non vraiment j’adore Lady Mary. Coup de coeur.
Lord et Lady Grantham
Les seconde et troisième saisons sont hélas de moins bonne facture. Et c’est d’ailleurs le danger qui guette toutes les séries dont la première saison est si bien. C’est comme quand on fait une suite à un film génial, on n’atteint jamais vraiment le même génie. Les intrigues secondaires sont trop nombreuses et surtout parfois insignifiantes. J’aurais préféré que le script se cantonne aux personnages que l’on connaissait déjà plutôt que d’en rajouter de nouveaux dont on n’a strictement rien à cirer. Et puis, je ne sais pas si c’est parce que la seconde saison se passe pendant la première guerre mondiale, mais tout le monde est trop indulgent! Certes c’est la guerre et c’est triste, mais quand même. La troisième saison s’avère meilleure que la seconde à mon avis, mais la bombe scénaristique finale me fait me demander dans quelle direction va aller la quatrième. J’ai mes petites théories mais bon… 

Petit déjeuner "downstairs"
Anna et Bates
La série est aussi une belle analyse de la situation féminine de l'époque, offrant ainsi de magnifiques rôles féminins et ce n'est pas pour me déplaire. Cela me fait penser à Mad Men, dans le sens où on a affaire dans les deux cas à des milieux machistes, mais où les femmes combattent leur situations, ou du moins les dépassent. Lady Mary a beau se targuer d'être une aristocrate, pleine de dédain pour la classe moyenne, il n'empêche qu'elle repousse les choix raisonnables de ses parents. Elle sait que le monde change, et elle ne sera pas la dernière à s'adapter. Lady Sybil, la plus jeune des sœurs, est la "révolutionnaire" de la famille. Même si son personnage n'est pas aussi bien exploité que Mary, elle représente l'esprit de rébellion de la jeunesse anglaise. La comtesse douairière, sous ses airs conservateurs et offusqués, sait bien qu'une femme doit se battre pour sa condition, et admets volontiers que " l'aristocratie n'a pas survécu grâce à son intransigeance". Certaines servantes, à l'image de Gwen et Ethel, remettent en question leur statut, rêvant d'un destin meilleur et espérant que la guerre fasse tomber les barrières définitivement.
Lord Grantham remarque dans la première saison et sans ironie que les "femmes sont plus fragiles que les hommes", or il serait bien surpris de voir que ce ne sont pas elles qui seront perdues face aux changements sociaux. Je dirais même que notre cher Lord me fait un peu pitié dans la saison 3, quand il cherche désespérément à se raccrocher au passé...

Lady Sybil
Au-delà de ça, l’ensemble de la série reste de très bonne qualité, en tout cas j’ai tellement aimé la saison 1 que je ne pouvais pas me résoudre à mettre moins de 9. A noter l’apparition de Shirley MacLaine dans la saison 3, qui joue la mère de Lady Grantham, une riche américaine donc. Je dois dire que rien que pour la confrontation avec Maggie Smith, cette saison vaut de l’or.
Je pense que je ferai des posts supplémentaires pour parler en détail des saisons, tant il y a à dire sur cette série, certes imparfaite mais tellement fascinante.
En guise de conclusion je tenais à dire que je préfère largement la mode des années 10 à celles des années 20! Cette remarque n'est pas très utile en soi mais je tenais à le souligner, d'ailleurs on peut le voir grâce aux trop nombreuses photos que j'ai postées! Un régal pour les yeux!

UPDATE: La saison 4!


Attention, si vous n'avez pas vu les 3 premières saisons, abstenez vous de lire ce qui suit car les gros spoilers sont inévitables à ce stade.

Que dire de cette saison. Elle offrait plein de possibilités aux vues de la fin dramatique de la saison 3 mais en a t-elle profité? Ma réponse est mitigée.
Bien que la mort de Matthew nous permette de retrouver une Lady Mary dans toute sa splendeur, pleine de réplique acerbes et de classe, le choix des intrigues auraient pu être meilleur.
La saison s'articule donc autour de Mary et de sa sortie de deuil. Elle va se retrouver co-propriétaire de Downton (merci Matthew!!!) avec son père, et ne lui laissera pas d'autre choix que de prendre en compte ses opinions. Elle s'investit pour sauver Downton, moderniser ses infrastructures, diversifier ses activités (arrivée mouvementée de cochons!). Elle veut voir propérer le domaine afin que son fils George puisse en hériter dans de bonnes conditions, car elle sait bien que l'aristocratie vit ses dernières heures de gloire.
En parallèle on a Mary qui lutte contre le chagrin. Plusieurs soupirants lui tournent autour cette saison alors que son mari n'est pas mort depuis un an... N'ayez crainte supporters de Matthew, elle ne leur accorde aucune faveur, ou presque...

Lord Gillingham... hum hum...
 Les évolutions de son personnage sont donc intéressantes, et franchement les répliques qui tuent me manquaient je dois bien l'avouer.
Les deux autres personnages a connaître une saison mouvementée sont Anna et Edith. Je n'en dirai pas plus si ce n'est que c'est assez dramatique, et plutôt révélateur de la condition féminine de l'époque. Ce qui est bien dans ce genre de séries, c'est que les problématiques que l'on rencontre ne pourraient avoir lieu de nos jours. Notre société est tellement désinhibée et sans tabou qu'il est difficile, voire impossible, de créer une tension dramatique autour d'un baiser volé ou d'une liaison avant mariage... Les contraintes vertueuses de la société du début du siècle offrent donc de nombreuses possibilités.

La nouveauté de cette saison c'est également l'arrivée du Jazz!! Yayy!! Les années folles arrivent à grands pas, et on a donc droit à une soirée en club avec un chanteur de jazz, accrochez-vous, noir! Et oui, ça y est le premier personnage de couleur arrive à Downton, de quoi faire jaser (en effet, de nombreuses remarques avaient été faite à ce sujet sur la toile...).


Maintenant qu'on a fait le tour des bons points, il faut arriver aux choses plus fâcheuses.
Je suis bien consciente qu'on a affaire à un "ensemble cast", avec 20 personnages tous présents à temps égal (la blague!) dans la série. Le problème c'est que quand ces 20 personnages commencent à avoir 20 vies compliquées, ça donnent une série trop hachée et rapide. On prend plus le temps de se poser et de savourer un beau dialogue. La saison 1 et 2 étaient aussi très bien dans ce sens, on sentait la vie paisible, le train-train de l'aristo, couler au fil des épisodes. Le drame de la tasse de thé quoi.
Il faut tout de même noter que certains personnages ont une saison un peu vide, à l'image de Thomas (et c'est bien triste!), ou bien Cora... C'est dommage car ce sont habituellement des personnages très actifs.

En somme, une saison en demie teinte. Mais bon, vous me connaissez, je suis trop accro!

Note 9/10
Downton Abbey crée par Julian Fellowes (2010-)
Avec: Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Michelle Dockery, Laura Carmichael, Jessica Brown Findlay, Jim Carter, Phyllis Logan, Joan Froggatt, Brendan Coyle, Siobhan Finneran, Rob James-Collier, Dan Stevens, Penelope Wilton, Lesley Nicol, Amy Nuttal, Sophie McShera, Allen Leech

samedi 9 février 2013

Happiness Therapy : Folie douce et porté foiré

Hapiness therapy n'est pas une comédie romantique habituelle. C'est un film qui voit la lumière dans l'obscurité.

C’est l’histoire de Patrick, qui sort d’hôpital psychiatrique où il vient de passer 8 mois, et qui se retrouve dans la maison de ses parents, pas très nets non plus. Il est évidemment toujours dérangé, pète les plombs facilement, est obsédé par la reconquête de sa femme et n’a aucun tact. Il rencontre Tiffany, une fille comme lui, une cinglée meurtrie par un drame et habituée des médocs. Ils vont ensemble se diriger vers la reconstruction, notamment grâce à la danse…

Jusqu’ici rien de complètement nouveau, mais tout est dans la manière. En effet, le film est bourré de répliques et de situations hilarantes, ne jouant jamais sur le pathos ou le ridicule, et où les personnages s’assument complètement. On parle quand même ici de maladies mentales, de névroses, de débauche sexuelle (oui et de débauche ASSUMEE, ce qui est un moment fort du film pour moi), d’un mal être qui toucherait une jeunesse américaine sans repère. On a droit à plusieurs épisodes de folie douce assez effrayants et jouissifs à la fois, interprétées par de très bons acteurs, justement nommés aux prochains Oscars (s’ils veulent encore dire quelque chose…).


Mention spéciale tout de même à Jennifer Lawrence, qui illumine vraiment le film de sa présence, mêlant la grâce à la folie, aussi géniale quand elle gueule que lorsqu’elle elle fixe d’un regard bleu compatissant son partenaire. Et puis, Robert De Niro, welcome back! Quel plaisir de le voir dans le rôle du père aussi barré que son fils, accro aux paris sportifs et superstitieux en diable! On en redemande! 


Pourtant on aurait pu se poser la question du pourquoi par rapport au casting, un Bradley Cooper tout frais du succès de « Very bad trip » et une Jennifer Lawrence propulsée nouvelle idole des jeunes grâce à « Hunger Games » (il faut dire que l’actrice avait aussi joué dans « Winter’s bone » et « Le complexe du castor », de quoi lui accorder quelque crédibilité tout de même).
S’il faut parler des défauts, car il y en a toujours évidemment, je dirais que je regrette que la dernière demie heure du film soit un peu plus convenue et moins folle que le reste. Mais bon, le film dure deux heures et ce sont deux heures sucrées, un feel good movie de haute volée que je vous conseille de ne pas rater.


Note: 8/10
Hapiness Therapy de David O. Russell (2013)
Avec Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Robert De Niro, Jacki Weaver, Chris Tucker