jeudi 6 février 2014

Luther : Hommage à Alice Morgan, une perverse narcissique, mais on l'aime bien quand même!

Pour cette critique, j'ai décidé de me consacrer non pas au personnage principal de la série, John Luther, mais à Alice Morgan, son ennemi/confidente/complice, psychopathe meurtrière spécialiste de la répartition de la matière noire dans les galaxies à disques. Juste parce qu'elle est trop cool.


Je tiens quand même à dire que ce cher Luther est un personnage tout aussi génial et que je ne voudrais pas porter préjudice à Idris Elba en le délaissant. C'est un flic hors norme, un génie colérique, qui me fait un peu penser au personnage de la bande dessinée Blacksad (d'ailleurs le personnage s'appelle aussi John, comme par hasard...).

Mais revenons à cette chère Alice: meurtrière de ses parents, astrophysicienne surdouée et irrésistible psychopathe. Irrésistible car oui c’est un fait TOUT le monde adore Alice Morgan. Ses interactions avec Luther sont les moments fort des épisodes, on attend tous « Alice’s bit », le moment où elle va encore nous sortir une phrase qui va nous laisser sur le cul. Parce qu’il faut bien le dire, le show est parfaitement écrit mais majoritairement sombre, donc Alice amène des petites brises de fraîcheur avec son humour noir et son ton détaché de tout sentimentalisme. 


Sans compassion, sans indulgence mais pas sans intelligence (tiens tiens cette phrase me dit quelque chose…), Alice ne s’encombre pas des sentiments : l'Amour ça n'existe pas, nous ne sommes que de la matière, insignifiants dans l’univers où règnent les trous noirs. Et c’est pour ça que la mort ça la fait bien rigoler. Enfin non, la mort c’est la pire chose qui soit selon elle, mais si ça doit arriver, alors tant pis. 

Quelque part Alice c'est le petit diable qui nous parle à notre épaule, celui qui nous encourage à faire tout ce qu'on veut sans se soucier des conséquences. Alice isn't evil, she just doesn't care. Elle est comme un fantasme, et cette impression est renforcée par le fait qu'on ne la voit pas interagir avec le monde extérieur. Ses interlocuteurs dans la série se comptent d'ailleurs sur les doigts d'une main...


Quand Alice rencontre Luther, elle rencontre son alter égo, celui qui place la vie et l’amour au dessus de tout, mais c’est aussi celui qui la comprend et apprend à l’apprécier. Elle s’accroche à lui, le fait douter, l’aide dans ses enquêtes mais recherche aussi son approbation et son désir… Alice n’est pas une geek coincée comme on pourrait le penser; c’est une provocatrice, telle une femme fatale des films noirs des années 40. Des cheveux roux flamboyants, une peau translucide, des sourcils interrogateurs et une lèvre supérieure singulièrement longue finissent de compléter son portrait atypique… Elle envoûte Luther et le spectateur...


En côtoyant Luther, elle va, elle aussi, remettre en question ses propres croyances. Tout le génie de cette relation est pour moi représentatif de ce qui constitue la colonne vertébrale de cette série: la limite entre le bien et le mal. Alice d'ailleurs considère qu'elle et Luther sont les deux faces d'une même pièce, le yin et le yang, Bonnie and Clyde, (le bien et le mal...), et finalement la frontière est bien mince et souvent franchie. Luther est dès le premier épisode présenté comme un flic borderline.
Il ne faut pas oublier évidemment de parler de Ruth Wilson, celle qui donne vie à ce qui est, vous l’aurez deviné, pour moi un des personnages de fictions les plus fascinants du moment. Je pense que son physique singulier et son talent la propulseront vers de grands rôles au cinéma. On a d'ailleurs pu la voir dans Anna Karénine en 2012, et on la verra aux côtés de Johnny Depp dans The Lone Ranger lus tard cette année.

Donc voilà, Luther sans Alice Morgan, ce n’est pas Luther. Préparez-vous pour la saison 3...

Bonus : Un petit extrait? Luther seeks Alice's advice
Note: 9/10 
Luther crée par Neil Cross
Avec: Idris Elba, Ruth Wilson, Warren Brown, Indira Varma, Paul McGann, Steven Mackintosh, Saskia Reeves.