mercredi 21 mai 2014

L'heure suprême : Paradis terrestre

L’heure suprême fait partie de ces films qui te donnent envie de croire à la faisabilité de l’utopie, à un septième ciel accessible, à une fatalité heureuse inévitable.


Borzage est le maître du muet mélodramatique qui rend heureux, il est un des rares à rendre le mièvre crédible et attendrissant alors que tant d'autres le rendent insupportable. 
Une ex-prostituée et un balayeur de rue vivant d'amour et d'eau fraîche dans une chambre mansardé de Paris à la veille de la première guerre mondiale, appartement représentant un havre de paix au septième ciel, parmi les étoiles et la bienveillance de Dieu. Lorsque Chico s'en va en guerre, il promet son amour éternel à Diane... 

Si le mélodrame est souvent aujourd'hui un terme péjoratif quand on parle de film, il était à l'époque un genre prodigieux que je chérie. L'Aurore, La valse dans l'ombre, L'isolé... tant de chef d'oeuvres bouleversants et inégalables, occupant de ce fait une place tout à fait unique dans le patrimoine cinématographique.
Après avoir vu L'heure suprême, tu gonfles tes poumons, essuies tes petites larmes, et pendant un moment tu crois que toi aussi tu vas l’avoir ton appartement dans les étoiles. Et pendant ce moment, jamais tu vas te rendre compte que tout ça c’est des conneries, de la niaiserie dégoulinante pleine de bondieuseries.
Non, tu ne vas pas y penser, à la place tu vas te dire que tous les jours devraient être comme ça, que Borzage a réussi à capturer l’Idéal sur sa pellicule. Tu vas oublier toute la noirceur de la société qui t’entoures, oublier la crise, oublier ta recherche d’emploi, oublier que tout ce que tu manges finira par te filer le cancer. A la place tu vas te rappeler pourquoi tu adores les films, tu sentiras la béatitude t’envahir telle une drogue et tu te demanderas pourquoi est-ce que tu n’en prends pas tous les jours.

P.S : Miam miam Charles Farrell.

Note: 10/10
L'heure suprême de Frank Borzage (1927)
avec Janet Gaynor et Charles Farrell