mercredi 30 avril 2014

Brève rencontre : La gare

Anna et Alec vivaient heureux en ménage avant de se rencontrer dans une gare, et de découvrir ce qu’est vraiment le bonheur. Seulement voilà, gérer cette nouvelle passion qui les a pris n’est pas simple, surtout quand elle est gâchée par la culpabilité et la peur d’être démasqués.

Ils vivent leur idylle tranquillement, à l’abri des regards, dans la ville de leur rencontre, tout les jeudis avant de reprendre le train le soir venu, jusqu’à ce qu’un jour des personnes extérieures capturent des images furtives, aient des doutes…
C’est à ce moment que le paradis devient l’enfer, que la culpabilité devient la plus forte, que tout cela devient dangereusement réel. A quel moment sait-on ? A quel moment doit-on voir les choses en face ? Quand une rencontre se transforme-elle en liaison ? Un déjeuner, une séance de ciné, un rire, le début d’une complicité… ? A partir de quand doit-on se sentir coupable ?
Anna est rongée d’une culpabilité d’autant plus forte que son mari est gentil, attentionné, fidèle… C’est plus facile de tromper un mari violent ou coureur de jupons.


David Lean examine le quotidien, la passion et les remords de gens normaux, bons. On ne peut s’empêcher de se demander ce que l’on ferait à leur place. Dois-je prendre le train et fuir ? Ou bien dois-je risquer un petit mensonge supplémentaire pour quelques minutes de bonheur intense mais éphémères? Est-ce que la joie de le revoir sera assez forte pour supporter la douleur de la séparation? Le jeu en vaut-il la chandelle ? 

Le fait d’avoir choisi une gare comme point de rencontre et de séparation est des plus symboliques. La gare est par définition l’endroit où l’on va récupérer des amis ou de la famille, mais aussi le lieu où on les quitte. La gare est un lieu de transit où rien ne dure, où les gens ne font que passer tout comme cette passion n’est qu’une fièvre foudroyante et courte. Cette rencontre est comme une oasis dans un désert, une pause dans une longue marche, une bouffée d’air frais dans le quotidien monotone, un arrêt dans une gare avant de repartir pour la destination prévue à l'origine.

Note: 8/10
Brève rencontre de David Lean (1946)
avec: Celia Johnson et Trevor Howard